Pour un avenir sans violence...
On reconnaît à l’expression qui coiffe cette chronique 2 significations, selon qu’on avale ou qu’on fait avaler des couleuvres. Les 2 illustrent bien certains aspects des violences conjugales.
Avaler des couleuvres signifie endurer, souffrir des injures, des humiliations, des contraintes, des attaques, des blessures… sans pouvoir protester, sans se plaindre; n’avoir d’autre choix que d’accepter, que de supporter patiemment quelque chose de pénible. On l’a souvent évoqué, les violences conjugales prennent différentes formes : insultes, reproches, contrôle, menaces, harcèlement, isolement, coups… La femme se sent seule, prise au piège; se croit fautive; perd graduellement son estime et sa confiance; éprouve de la tristesse, de la peur; est blessée physiquement, des blessures qu’elle tente de cacher en raison de la honte qui s’installe. Elle avale des couleuvres et, malgré tous les efforts qu’elle déploie pour éviter les affronts et les coups, la situation va en s’aggravant.
L’expression faire avaler des couleuvres est également courante. Elle désigne le fait de faire croire des choses trompeuses, mensongères. Elle sied également au phénomène des violences conjugales, car bien qu’il soit le seul coupable de ses actes, le conjoint auteur de violences recourt à des tactiques de manipulation pour renverser l’imputabilité, se déculpabiliser et faire porter à la femme la responsabilité de ses propres actes. Il prétendra par exemple qu’elle l’a provoqué, qu’elle l’a poussé à bout… Ainsi, il nie toute responsabilité, il jette la faute sur sa conjointe, il banalise ses propres actes, les minimise et s’invente des excuses.
En violences conjugales, il n’y a pas que la femme violentée qui risque d’avaler la couleuvre des discours trompeurs. Quand sont avancées des explications comme le fait que la violence serait une maladie1 et que ce discours est encensé sur les réseaux sociaux; lorsque des sentences clémentes sont prononcées, malgré les récidives2; lorsqu’à la suite d’un féminicide le voisinage prétend qu’il s’agissait d’un couple sans histoire et que le conjoint violent est un bon père, alors que le meurtre est presque toujours l’aboutissement de plusieurs événements de violences et que l’exposition aux violences compromet le développement des enfants… n’avalons pas ces couleuvres!
Si vous subissez les violences de votre conjoint, les maisons d’aide et d’hébergement sont là pour vous soutenir, que vous souhaitiez ou non de l’hébergement. Les services y sont gratuits, sécuritaires et confidentiels. Pour de l’information, pour de l’aide ou pour de l’hébergement : 1 800 363-9010, 24 h/24, 7 jours/7.
Monic Caron pour L’Alliance GÎM des maisons d’aide et d’hébergement
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1.Roy Dupuis, émission Tout le monde en parle, du 22 février 2023
https://www.lalanguefrancaise.com/expression/avaler-des-couleuvres Consulté le 30 mars 2025.
https://agnes-bonnin-psychologue.fr/doit-on-et-peut-on-pardonner-la-violence-conjugale-focus/ Consulté le 30 mars 2025.