Chronique de septembre 2024 – La vitrine et l’arrière-boutique

Les commerces mettent en vitrine de beaux articles, disposés avec soin, de manière à les valoriser, car il s’agit d’attirer l’attention. Une comparaison avec cette scénarisation peut être établie avec les conjoints auteurs de violences. De fait, si l’habileté à utiliser sa vitrine est essentielle dans le commerce, celle des conjoints violents consiste souvent à adopter en public des comportements différents de ceux qu’ils adoptent avec leur conjointe, à l’abri des regards. La comparaison s’arrête là! Car, quand il est question de violences conjugales masculines, ce qui se trouve en arrière-boutique tranche avec ce qui est présenté en vitrine. L’arrière-boutique, c’est en quelque sorte la face cachée des violences conjugales.

En public, le conjoint auteur de violences prend habituellement garde à ses comportements. Il s’efforce de donner l’impression d’être un compagnon respectueux, sympathique, prévenant, doux, attentif, dévoué… Cette image positive lui sert à cacher la réalité des violences qu’il inflige à sa conjointe, et la stratégie fonctionne souvent. Comment l’entourage pourrait-il suspecter que loin des regards, le respect se transforme en insultes, la sympathie en animosité, la prévenance en mépris, la douceur en brutalité, l’attention en manipulation, le dévouement en contrôle? Cette discordance rend la détection de signes de violences difficile à percevoir par l’entourage et n’est pas sans impacts pour la femme qui craint de ne pas être crue ou d’être mal jugée si elle dévoile les violences qu’elle subit, ce qui ajoute à sa détresse.

S’il n’est pas facile de déceler la présence de violences conjugales, certains indices peuvent nous y aider. Le conjoint violent est contrôlant. S’il prend des décisions qui impliquent sa partenaire sans la consulter, s’empresse de répondre à sa place et semble surprotecteur, s’arrange pour avoir le dernier mot, montre des signes de jalousie, semble considérer sa conjointe comme étant sa chose, ne reconnaît pas ses fautes et attribue la responsabilité de ses torts à autrui… faites preuve de vigilance. Des signes peuvent aussi être décelés chez la femme. Si elle est discrète et peu loquace en présence de son conjoint, évite de le contredire, semble embarrassée de parler de lui, semble triste ou déprimée, est nerveuse ou anxieuse, que tout semble tourner autour de son conjoint, si elle semble plus solitaire que de coutume (refuse les sorties auxquelles elle prenait part auparavant par exemple… car elle perd progressivement sa liberté de choix), si elle porte des marques physiques pour lesquelles l’explication qu’elle donne paraît invraisemblable … faites preuve d’attention.

Le conjoint auteur de violences peut également essayer d’influencer votre perception de la situation. Il recourt alors à la manipulation et aux mensonges, notamment pour discréditer sa conjointe. Il prétendra par exemple être un compagnon irréprochable et tolérant au regard des défauts de sa conjointe, tentera de laisser croire qu’elle est libre de ses décisions, qu’elle est souvent inadéquate et qu’il est heureux qu’il soit là pour s’occuper d’elle. Son intention consiste à isoler sa conjointe, à lui enlever toute crédibilité et à donner d’elle une image négative.

Si vous soupçonnez qu’une proche est violentée, demeurez présent.e dans sa vie, afin qu’elle ne soit pas entièrement isolée. Abordez la question des violences lorsque vous serez seul.e avec elle. Faites preuve de compréhension et de sensibilité en vous gardant de la blâmer ou de la juger, indiquez plutôt que vous vous inquiétez pour elle. Si elle se confie à vous, insistez sur le fait que son conjoint est le seul responsable des violences qu’il exerce, informez-la quant aux services disponibles et offrez-lui de l’accompagner dans sa demande d’aide. Les maisons d’aide et d’hébergement offrent un large éventail de services et il n’est pas nécessaire d’y être hébergée pour en bénéficier. Il y a une maison d’aide et d’hébergement près de chez vous. Pour de l’information, pour de l’aide ou pour de l’hébergement : 1 800 363-9010, 24 h/24, 7 jours/7.

Monic Caron, pour L’Alliance GÎM

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https://www.psycho-bien-etre.be/psycho/maltraitance/comment-reconnaitre-les-hommes-violents-et-manipulateurs/ consulté le 1er août 2024

https://sosviolenceconjugale.ca/fr/articles/8-facons-de-soutenir-une-victime-de-violence-conjugale consulté le 1er août 2024